L’accompagnement face à Parcoursup, révélateur d’inégalités sociales ?

Alors que Parcoursup ferme ses portes aujourd’hui, la question de l’accompagnement des étudiants dans le fonctionnement de la plateforme et dans le choix de leur formation se pose. 

Photo Nicolas Vallauri 

En interrogeant des lycéens d’établissements différents, et en analysant une étude de VivaVoice sur les inégalités en matière d’orientation scolaire, un constat s’impose : les jeunes issus de milieux socio-économiques favorisés ont un bien meilleur accès à l’information, creusant de nouvelles inégalités et remettant en cause l’égalité des chances dans l’enseignement supérieur. 

L’enquête de Viva Voice parue en janvier 2024 met en lumière deux points alarmants : « Les élèves des établissements moins privilégiés se projettent dans des métiers et des cursus moins prestigieux, et sont moins enclins à déménager pour poursuivre leurs études ». Cette tendance souligne une réalité préoccupante où les jeunes issus de milieux défavorisés ont souvent des aspirations professionnelles limitées par leur environnement social et économique.



DES ÉLÈVES MOINS ENCOURAGÉS



Une étude de l’Institut des Politiques Publiques avait déjà révélé l’an dernier que les élèves d’origine sociale défavorisée sous-estimaient leurs performances, malgré leurs bons résultats (étude intitulée “Confiance en soi et choix d’orientation sur Parcoursup : Enseignements d’une intervention randomisée”). Ce manque de confiance en soi se répercute sur les choix d’orientation des élèves, qui s’auto-censurent en sélectionnant des vœux moins ambitieux. Résultat confirmé par l’enquête de Viva Voice affichant que le souhait d’orientation le plus cité par les élèves scolarisés dans des établissements avec un IPS (indice de position sociale d’un établissement scolaire) élevé est médecin, chirurgien ou dentiste tandis que celui le plus cité par les élèves scolarisés dans des établissements avec un IPS faible est le commerce et la vente.

Ces écarts d'ambition et de perception des opportunités futures reflètent les disparités profondes dans l'accès à l'information et dans les perspectives offertes aux jeunes en fonction de leur milieu d'origine. L'accompagnement des étudiants par leurs parents et par l’établissement scolaire joue un rôle crucial dans ce processus. Les jeunes issus de milieux plus favorisés bénéficient souvent d'un soutien accru, qu'il s'agisse de coachs d’orientation, d'opportunités de stages ou de réseaux influents. Elisa Robert, élève de Terminale dans le lycée privé parisien Bossuet Notre Dame nous explique ainsi : « On nous parle de Parcoursup depuis la Seconde et j’ai eu la chance de trouver des stages grâce à mes parents, qui seront forcément valorisés dans la sélection des dossiers ». Cette réalité crée un véritable fossé entre ceux qui ont les moyens de naviguer habilement à travers les dédales de Parcoursup et ceux qui se retrouvent en proie à l'angoisse de l'inconnu.

 Photo Jean-François Frey

TEL PÈRE, TEL FILS ?

Non seulement ces inégalités persistent, mais elles contribuent également à perpétuer le phénomène de reproduction sociale, où les avantages hérités se transmettent d'une génération à l'autre. Les élèves issus de familles aux revenus modestes optent généralement pour des filières moins prestigieuses, entraînant une disparité marquée dans les parcours éducatifs. Cette disparité est particulièrement frappante dans le cas des classes préparatoires, où seuls 17% des bacheliers généraux issus de milieux défavorisés y accèdent, comparativement à 43% pour des profils scolaires similaires mais bénéficiant d'au moins un parent ayant suivi des études supérieures. 

DES PROGRÈS SIGNIFICATIFS CETTE ANNÉE


Si ce bilan est préoccupant, il est toutefois à nuancer. Cette année en particulier, la plateforme a subi des mises à jour significatives. Premièrement, les différents établissements ont été invités à apporter un maximum d’informations sur leurs formations, y compris sur la poursuite d’études, les critères d’analyse des candidatures, leurs journées portes ouvertes, etc. Une autre nouveauté : la possibilité de comparer les formations sur des points comme les frais de scolarité, le niveau de la demande, l’existence d’un internat, ou encore l’éligibilité de la formation à accueillir des étudiants boursiers. La plateforme est aussi ouverte aux élèves de Seconde et de Première, qui peuvent désormais se créer un compte.

Ces modifications ouvrent la voie à une démocratisation de l’information quant à l’enseignement supérieur, et laissent espérer que les politiques d’orientation scolaire soient repensées pour assurer une réelle égalité des chances pour tous les jeunes, quelle que soit leur origine socio-économique.




Précédent
Précédent

Recommandations culture du mois de mars

Suivant
Suivant

POL, l’application qui permet au citoyen de se rapprocher de l’actualité politique