Le choix de la vie, ou comment l’extrême droite utilise l’argument pro-vie contre le droit à l’IVG

Le 8 mars 2024, la constitutionnalisation de l’IVG a marqué l’Histoire de son sceau sous les paroles revisitées de la Marseillaise interprétée par Catherine Ringer. Cependant, en France, ce vote du Parlement n’a pas été accepté par tout le monde, notamment par la mouvance anti-choix qui soutient choisir le côté de la vie. 

Manifestation anti-IVG à Paris, 21 janvier 2024. (LP/OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)


Soixante-douze, c’est le nombre de parlementaires qui ont voté contre la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse ce 4 mars au Congrès à Versailles. Parmi eux se trouve Alain Duffourg, sénateur RN du Gers, qui avait établi le 28 février dernier en séance publique au Sénat un lien explicite entre l’émotion nationale devant la mort de Robert Badinter et le recours à l’IVG : « De nombreux Français il y a quelques jours ont rendu hommage à Robert Badinter qui a aboli la peine de mort. Or, on s’aperçoit ce soir que les mêmes qui souhaitaient soutenir Robert Badinter entendent aujourd’hui sacraliser l’interruption de vie dans la loi fondamentale. » Des réactions de stupéfaction se sont fait entendre dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg. Utiliser la référence au défenseur des droits de l’homme comme contre-argument rhétorique à l’avortement s’inscrit dans un argumentaire défendu par une partie des opposants à l’IVG : celui du parti « pro-vie». 


Une mouvance proche de l’extrême-droite 


L’inscription de l’IVG dans la Constitution n’a pas fait l’unanimité, notamment parmi les plus jeunes. Selon le baromètre sexiste du Haut Conseil (à l’égalité entre les femmes et les hommes de janvier 2024), les hommes de 25-34 ans font preuve de plus de sexisme en 2024. Beaucoup de ces jeunes se retrouvent dans les partis d’extrême-droite comme « Reconquête ! » qui a créé le mouvement « Génération Z » destiné aux 18-30 ans, mais aussi le Rassemblement National (RN) avec le lancement des « Des jeunes avec Bardella ! ». Or, la mouvance anti-IVG est souvent associée à l’extrême-droite qui soutient pour une partie l’argument pro-vie. 


Des arguments juridiques et moraux


La justification des mouvements “pro-vie” s'appuie sur la représentation collective et le droit juridique relatif à la conception du fœtus. Selon les militants « pro-vie », l’avortement entraîne la mort d’un être possédant le droit à la vie soit un enjeu/argument qui reposerait sur la conscience d’être du fœtus, des arguments se retrouvent dans leurs protestations comme lors la manifestation silencieuse de la Marche pour la vie le 28 février dernier où les participants brandissaient des pancartes avec inscrit dessus : « Arrêtez d’emmerder les embryons ». Mais les mouvements « pro-vie » ne remettent-ils pas en cause une autre facette à laquelle l’extrême droite est attachée : celle de la responsabilité individuelle ? Dans l’argumentaire « pro-vie » se rejoint celui de « l’anti-choix » et, à coups d’oxymores libertaires, les partisans de cette idéologie critiquent en partie la “fuite du devoir” de la femme. La constitutionalisation de l’IVG a relancé ce débat dormant, et a même renflammé le brasier des croyances anti-avortement, comme en témoignent les événements de vandalisme aux locaux du Planning familial de Strasbourg, où ont été tagués les mots « Planning assassin. »



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