Primaires républicaines: Nikki Haley, la candidate à tout prix ? 

Ce jeudi 8 février fut un nouveau coup dur pour la seule femme en lice des primaires républicaines au regard des résultats électoraux du Nevada. 68% des électeurs ont préféré le bulletin “aucun de ces candidats” à celui de Nikki Haley qui n’a obtenu que 30,8% des voix, en l'absence de Donald Trump. Ces résultats ne sont pas de bon augure pour la candidate qui se présente comme la principale adversaire de Donald Trump. 

La candidate républicaine à l'élection présidentielle Nikki Haley lors d'un meeting de campagne, le 5 février 2024 à Spartanburg, en Caroline du Sud. (BRANDON BELL / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Un retour sur le fonctionnement des primaires républicaines…

Les primaires républicaines fonctionnent sur le principe de la démocratie déléguée. Dans chacun des cinquante États, les électeurs républicains votent pour des délégués qui voteront à leur tour pour l’un des candidats républicains. Il faut 1215 délégués pour remporter les élections. Le gagnant représentera le Parti Républicain aux présidentielles face au candidat démocrate. Cette course à l’investiture débute le 15 janvier dans l’Etat conservateur de l’Iowa et se clôture cinq mois plus tard lors de la Convention républicaine du Wisconsin qui nomme le candidat à la présidentielle. Pourtant, malgré la durée de cette compétition, les premières élections ont toujours été prédictrices du vainqueur final. Or, celui qui a remporté les élections de l’Iowa et du New Hampshire ne fut pas Nikki Haley mais Donald Trump avec respectivement 51% et 54,3% des voix. Dans ces circonstances, peut-on encore affirmer que Nikki Haley a ses chances ? 

Nikki Haley, une candidate à prendre au sérieux ? 

Nikki Haley, de son vrai nom Namrata Nikki Haley, est l’incarnation de l’American Dream. Fille de parents immigrés indiens,  son parcours la mène  jusqu’au poste de gouverneure de Caroline du Sud, où elle devient rapidement populaire. Les résultats de sa politique lui valent d’être nommée ambassadrice des États-Unis à l’Organisation des Nations Unies par D. Trump entre 2017 et 2018. Ce parcours d’excellence ne laisse d’autres possibilités que de la prendre au sérieux pour cette course à l’investiture. Mais fait-elle vraiment le poids face à Trump ? 

Malgré son arrivée en troisième position avec 19% des voix face à Donald Trump (51%) et le gouverneur de Floride Ron DeSantis (21%) dans l’Iowa - selon l’Associated Press -, la candidate remonte aujourd’hui dans les sondages. Elle profite de l’abandon de son deuxième concurrent, Ron DeSantis, qui a appelé à soutenir Trump le 21 janvier dernier. Son profil moins radical vise à attirer les plus modérés qui ne veulent pas d’un second mandat de Donald Trump et représentent tout de même près de la moitié des électeurs républicains de ces deux premiers États. Cependant, ses tentatives d'apparaître comme la principale alternative à Trump rencontrent une limite: son incapacité à se distinguer. 

 Un double de Trump en plus modéré ?


Nikki Haley a du mal à se distinguer de Trump au regard de son programme. Pour les républicains en général, se différencier de Trump est un pari osé que peu sont prêts à prendre. Trump dispose aujourd’hui d’une large base de fervents partisans - près de 60 % à 65% de l’électorat républicain selon plusieurs chercheurs dont la professeure à Sciences Po Ludivine Gilli -, qui lui restent loyales malgré ces multiples démêlés judiciaires. Pour une républicaine comme Nikki Haley, chercher à se différencier de Trump signifie prendre le risque de perdre une grande part des électeurs, voire de s’attirer leurs foudres. 

Cette position ambivalente transparaît dans son programme. Comme Trump, elle se dit “pro life” et se dresse contre les restrictions écologiques. Elle tient une position anti-immigration, mais ne prétend pas vouloir construire un mur à la frontière avec le Mexique. De même, elle s’oppose au mouvement LGBTQIA+, sans en faire les boucs émissaires de son programme politique. Trump propose quant à lui de voter une loi imposant deux genres aux États-Unis. Ses propositions concernant la politique étrangère tranche cependant largement avec celles de son adversaire. Là où Trump défend une position isolationniste des États-Unis, elle avance une politique interventionniste sur la scène internationale. Trump veut mettre fin à la guerre ukrainienne en coupant toute aide financière et en négociant directement avec Vladimir Poutine. Une décision qui serait fatale pour l’Ukraine. Nikki Haley, au contraire, souhaite poursuivre la politique de soutien américain. Elle veut renforcer les positions de la première puissance mondiale face à la Corée du Nord, la Chine et la Russie, alors même que Trump envisage de sortir les Etats-Unis de l’OTAN. 

La position ambivalente de Nikki Haley ne semble pas avantageuse. Cependant, pour la candidate, les jeux ne sont pas encore fait et sa montée dans les sondages pour les élections de Caroline du Sud - selon FiveThirtyEight -  pourrait renverser la tendance…

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