Peace and sport, un engagement sportif contre “Du pain et des jeux”

Dans deux mois, la Coupe du monde de football aura lieu au Qatar. Un mondial qui scandalise pour les conditions de travail catastrophiques des ouvriers des chantiers, pour le désastre écologique de la climatisation de l’air extérieur, pour les millions d’euros dépensés... En France, le sport n’a pas une bien meilleure image : scandales d’abus sexuels à la Fédération française de football, scandales financiers à la Fédération de rugby, divisions au sein du Comité national olympique et sportif français... Les instances sportives semblent ne plus connaître les limites de la décence et se renferment dans leurs espaces VIP. Mais où sont passées les valeurs que le sport érige comme doxa universelle ? Si ces valeurs sont aujourd’hui loin des élites du sport mondiales, elles ne sont pas que des mots vides de sens pour les jeunes qui retrouvent leurs amis tous les mercredis autour d’un ballon, rond ou ovale. Ces dernières sont portées par les bénévoles qui passent leurs week-ends sur les terrains, ceux qui s’engagent pour les autres. Ainsi, les valeurs sportives sont au cœur du message de l’Organisation monégasque Peace and sport, fondée en 2007 par Joël Bouzon, Champion du Monde de Pentathlon moderne en 1987. Elle a pour but d’utiliser le sport comme vecteur d’inclusion qui permet de dépasser les différences et d’aller à la rencontre de l’autre afin “d’atteindre des objectifs de paix”.


Logo Peace and sport, crédit : peace and sport

Une association engagée pour la paix

L’organisation Peace ans Sport mobilise des associations et des institutions publiques et privées pour mener des projets sportifs dans des zones politiquement instables ou touchées par la pauvreté. Aujourd’hui, l’association est présente dans trois continents et dix pays dans le cadre du Peacemakers Project. “Pendant deux ans, cette opération aura un impact direct sur des centaines d’éducateurs de paix et des milliers d’enfants au Burkina Faso, au Togo, au Burundi, en Colombie, à Hong Kong, en Inde, au Maroc, en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Mali”, explique Ana-Lina Thoueille, community et press manager de l’organisation.


L’organisation soutenue par le prince Albert II de Monaco cherche à sensibiliser le grand public sur la force comme outil de dialogue social et vecteur d’inclusion. Pour cela, elle peut s’appuyer sur les 119 Champions de la paix, des grands sportifs, sources d’inspiration pour de nombreux enfants à travers le monde. Ces sportifs peuvent ainsi utiliser leur médiatisation afin d’incarner des messages forts à la fois auprès du grand public mais aussi des responsables politiques. Mais qui sont-ils ces “Champions pour la paix” ? Ana-Lina Thoueille en présente quelques-uns “Lionel Messi a rejoint le collectif en 2020 et le pivot de l’équipe de France de basket Rudy Gobert a été nommé Champion de la Paix de l’année en décembre 2021 pour son engagement en faveur de la jeunesse vulnérable, à travers sa Fondation Rudy’s Kids. Le collectif est également composé d’athlètes engagés tels que la légende du football Christian Karembeu, le premier Capitaine noir des Springboks Siya Kolisi, l’ancienne Ministre des sports Laura Flessel ou encore la triple championne du monde de karaté Laurence Fischer.”


Rudy Gobert, champion pour la paix 2021, crédit photo : ecolosport

Peace and sport met en place des dizaines de projets dans le monde


L’organisation est porteuse de nombreux projets dans différentes parties du monde. Lancé en 2017, le projet Live Together propose des activités sportives dans le camp de réfugiés de Za’atarie en Jordanie. Il est mis en œuvre en partenariat avec trois fédérations internationales : le Comité National Olympique jordanien, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés et le Gouvernement monégasque. Les coachs proposent des activités sportives structurantes à plus de 300 enfants. Lors de la pandémie, ceux-ci ont joué un rôle important dans la vie de la communauté en continuant à échanger avec les enfants et en proposant des activités sportives à distance. Ils ont aussi pu sensibiliser aux gestes barrières.


Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Peace and Sport a publié une tribune signée par de nombreux sportifs condamnant cette guerre. Si le monde de la culture s’engage depuis de nombreuses années. Pendant de nombreuses années, les sportifs se sont attachés au pseudo “apolitisme” du sport, restant en retrait des prises de positions politiques et sociales. En publiant cette tribune, Peace and Sport participe à l’engagement social des sportifs, qui prennent de plus en plus la parole. Signée par 700 sportifs comme Didier Drogba, Christian Karembeu, Alexandra Kosteniuk, Oleksiy Klyamar, Quentin Fillon-Maillet, Tony Estanguet, Yohan Blake, Cléopâtre Darleux ou encore Sarah Ourahmoune, elle invite les acteurs du sport à exiger la paix et à participer à sa construction. De plus, cette tribune a permis de lancer la campagne “White card”, campagne initiée chaque année à l’occasion de la célébration de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le 6 avril.

Dans le monde actuel, la paix par le sport peut sembler être une utopie. Cependant, loin de se résumer aux dérives des dirigeants du mouvement sportif international, le sport doit être porteur d’un message fort comme le revendique l’organisation Peace and sport. S’engager pour le sport et par le sport permet d’être acteur du mouvement sportif pour ne pas laisser le sport, outil puissant, aux seules mains des dirigeants. S’engager pour le sport pour refuser “Le pain et les jeux”. 


La tribune « Le sport : une réponse pour la paix », crédit photo : instagram @peaceandsport

Solenn Ravenel

Rédactrice chez Weshculture

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